La grève parce qu'il le FO?

Publié le par PHILIPPE

Voici un article publié sur un blog il y a peu et reproduit dans ici dans son intégralité. L'auteur se pose les questions que tout un chacun se pose également ou du moins devrait se poser. Réflexion:

Petit retour sur les  journées de grève de novembre
A l’instar des français questionnés sur le sujet, je suis mitigé et ne sais pas trop quoi en penser. En effet, environ un français sur deux soutenait cette grève que l’on peut essentiellement imputer aux cheminots (les autres catégories professionnelles semblent avoir pris le train en marche, enfin en marche, façon de parler un jour comme celui-là). Un sondage peut se lire dans les deux sens et ce dernier, pour faire un parallèle littéraire, est un palindrome puisque donc un français sur deux ne soutenait pas la grève. Cette prise de position nationale résume bien mon état d’esprit. Je m’explique.

Il m’apparaît comme indiscutable que le système des retraites doit être mis à plat : la pyramide démographique parle d’elle-même. Les progrès de la médecine ont été tels ces dernières décennies que la moyenne d’âge française ne cesse d’augmenter. On vit de plus en plus vieux donc on est de plus en plus longtemps à la retraite car, ne l’oublions pas, la retraite prend fin à la mort (Lapalissade certes mais bonne à rappeler). Le nombre d’actifs ne peut et ne pourra assumer le confort de ses anciens dans l’état actuel des choses. La solidarité ne fonctionne plus. Une seule solution pour remédier à ce problème : travailler plus. Tellement évident. Tellement ? Eh oui, la retraite se veut équitable, sociale, solidaire : on travaille pour les autres en attendant que les autres travaillent pour nous. D’accord. Mais est-ce équitable, sociable solidaire de travailler une vie pour bénéficier de 3 ans de retraite quand d’autre, pour la même besogne, gagneront 10, 20, 30 ans de retraite ? Non. Evidemment. La clause de pénibilité du travail découle de ce constat : la durée de la retraite n’est pas égale d’une catégorie professionnelle à une autre car certains métiers sont plus usants que d’autres. Ainsi, un ouvrier meurt en moyenne avant un cadre. Donc bénéficie d’une retraite plus courte. CQFD.

Que défendaient les cheminots en grève la semaine dernière ? Leur fameux régime spécial adopté en 1909. Qui dit quoi ? Eh bien, qui affirme que le métier de cheminot est usant, fatiguant, physiquement éprouvant et que pour toutes ces raisons, un cheminot a toutes les chances de mourir avant un autre salarié, raccourcissant se faisant sa retraite. La solidarité impose conséquemment de le faire partir à la retraite avant les autres. Certes, l’injustice devant la grande faucheuse n’est pas réparée mais il reste au moins au pauvre bougre la satisfaction d’avoir quelques années tranquille avant qu’elle ne vienne frapper à sa porte. Comme cela sonne bien. Oui, c’est juste et solidaire. Ou plutôt c’était. Car nous ne sommes plus en 1909. Un siècle est passé et c’est là que le bât blesse. On ne me fera pas croire que le métier de cheminot est aussi usant qu’un siècle auparavant. Il le reste peut-être, sûrement même, mais de nos jours, le conducteur de train, sauf malchance, mourra en même temps que les autres, si je puis m’exprimer ainsi. Et je ne parle que de ceux dont l’activité professionnelle est pénible car, à la SNCF, un tiers des employés sont des employés de bureau ! Envolée la pénibilité –physique j’entends- qui raccourcissait la vie… Le système devient injuste !

Mais je ne veux pas seulement jeter la pierre sur nos amis de la SNCF. Des injustices comme celles-ci sont monnaies courantes, les régimes spéciaux sont légion (128 au total). On reconnaît d’ailleurs bien là la patrie de Molière où, comme pour son orthographe, l’exception fait souvent la règle :

- Le régime des députés est écoeurant. (5 ans de députation = 1500 euros de retraite à vie.)

- Le régime des militaires est écoeurant pour des raisons similaires à celui de la SNCF : nombreux sont les militaires assimilés à des employés de bureau. Le nombre d’hommes de terrain (ceux qui méritent ce régime spécial : on ne fait pas la guerre à soixante ans) ont fondu comme neige au soleil dans notre armée professionnalisée et ultrasophistiquée.

- Les danseuses de l’Opéra de Paris qui partent à la retraite à 40 ans. On se doute qu’elle ne dansent plus à cet âge mais, ne peut-on concevoir qu’elles travaillent dans un autre domaine –à l’Opéra même- afin qu’elles puissent continuer à cotiser ?

- Les électriciens gaziers ne méritent pas (ou pas tous, nuançons) leur traitement de faveur.

La réforme de ces régimes spéciaux est indispensable. Toutefois, il faudra tenir compte des points suivants :

- TOUS les régimes doivent être rediscutés (et je pense notamment à celui des députés car il faut mettre en avant l’exemplarité de l’Etat. On ne peut faire subir à d’autre ce qu’on ne s’inflige pas à soi-même).

- La PENIBILITE du travail doit être prise en compte AINSI QUE la moyenne d’âge de la catégorie professionnelle concernée (un ouvrier du bâtiment doit partir plus tôt que les autres à la retraite !) afin que, grosso modo, chacun bénéficie du même nombre d’année de retraite.

- Réfléchir à des réorientations de fin de carrière quand la pénibilité l’exige mais qui n’a pas d’impact sur la durée de vie (je pense notamment aux enseignants, aux guichetiers…)

Hélas, et ceci légitime l’action de la SNCF (d’où mon sentiment partagé, faut suivre…) , une nouvelle fois, le gouvernement Sarko veut passer en force. Sans concertation, sans discussion. En montant les salariés les uns contre les autres à l’aide d’une démagogie digne de son plus haut et divorcé représentant. Une réforme comme celle-ci est nécessaire mais difficile. A part en parler, brasser de l’air, notre gouvernement saura-t-il la faire sans mettre la France à feu et à sang (j’exagère mais c’est pédagogique) ? En conservant le principe de solidarité, d’égalité qui fait toute la beauté de ce système ? Nous verrons… Mais j’en doute.
http://nilsbarrellon.blogs.nouvelobs.com/

Publié dans usagers-paris-meaux

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C
pour les députés en tout cas...entièrement d'accord.
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