Accident ou fatalité?
Après l’accident d’hier à la gare de l’Est l’heure est aux questions :
Rappel des faits :
Jeudi matin à 8h27 le train en provenance de Château Thierry rentre en gare de l’Est.. Arrivé en approche de la fin de la voie 21, le train ne parvient pas à s’immobiliser et percute le buttoir. Bon nombre de voyageurs debout en attente de descendre sont jetés à terre par le choc. Heureusement le train ne roule pas vite, on parle de 7 à
D’après les premiers éléments de l’enquête, le conducteur, qui compte cinq ans de conduite, aurait respecté les procédures d’approche et c’est sur les 25 derniers mètres que se serait produit "un problème dont on ignore s'il est humain ou technique", a précisé un porte-parole de la SNCF.
On ne sait toujours pas à l’heure qu’il est si le problème est d’origine mécanique ou humaine. Selon un responsable de la SNCF, le freinage d’un train fonctionne grâce à un système de contrôle de décélération au dessus de
"L’enquête devra déterminer s’il y a eu un problème du système de freinage ou si c’est la commande du freinage par le mécanicien qui n’était pas adéquate", a-t-il précisé. Le conducteur entendu par la police évoque pour sa part une défaillance matérielle.
C’est le ministre des Transports Gilles de Robien qui a demandé une enquête.
« On a frôlé la catastrophe » a affirmé Michel Cros porte parole des Pompiers de Paris.
Ce qui étonne le plus c’est la réaction de la SNCF qui préfère évoquer "un incident, comme il s'en produit de temps en temps", plutôt qu'un "accident" . Du coté des blessures des passagers une fois encore la compagnie nationale relativise en évoquant « quelques bleus et ecchymoses ». Cela agace certains usagers furieux de voir avec quelle légèreté la SNCF traite le problème. Pourtant suivant les témoignages le choc a été très violent :
« Des gens se sont évanouis. Des gens saignaient du nez. Des gens se sont cognés les uns aux autres, se sont tordus les poignets, se sont cognés les genoux, sont tombés dans les voitures. D'autres se sont cognés la tête contre la fenêtre ou contre le siège, ou sont tombés dans les escaliers. Bien sûr, tous ne sont pas allés voir les pompiers »
« Nous étions dans le train, nous arrivions à la gare de l'Est et tous les voyageurs s'étaient levés, Nous étions dans les escaliers quand d'un seul coup le train a stoppé net. Beaucoup sont tombés, projetés dans les escaliers »
« Il y a eu un bruit énorme et j'ai été projetée sur la passagère assise devant moi. Les gens dans les escaliers prêts à descendre (le train avait plus d'un quart d'heure de retard) sont descendus plus vite que prévu. En descendant, j'ai constaté que certains demeuraient dans les wagons trop choqués pour partir, ou assis sur le marchepied, sonnés. »
« J'étais dans ce train : facile de rester assis "jusqu'à l'arrêt complet du train", encore faudrait-il voyager autrement que comme dans des wagons à bestiaux, debout, compressés, sur les marches... Trois semaines que les trains sont en retard (3 heures pour faire Paris-Meaux la semaine dernière, deux fois dans la semaine), trains supprimés, trains annulés... »
« Je suis cheminot à la gare de l'Est, je tiens à réagir au propos de notre direction qui parle d'incident. Faisant de la sécurité ferroviaire tous les jours, pour moi il n'y a pas d'incident ou d'accident car ça concerne des personnes. Ceci est bien un accident, car il y a eu des blessés, c'est à dire que la sécurité n'a pas été assurée à un moment donné. »
D’un peu partout s’élèvent des voix sur le manque d’entretien et l’état de délabrement du réseau Est Transilien. « J’ai bien peur que ce ne soit qu’un début et qu’il y aura d’autre problèmes de ce genre et certainement plus graves » raconte un usager de Vaires, « ce n’est déjà pas drôle de prendre le train tous les jours, mais si en plus on risque sa vie(….) Le pire c’est que l’on paye de plus en plus cher pour ça ! C’est inadmissible ! »
« Je m’en fous que le TGV roule à
Loin de la polémique stérile la SNCF va t'elle enfin se donner les moyens de faire voyager les usagers franciliens dans des conditions de confort et de sécurité décents, ou attendra t ‘elle le prochain « incident » pour agir. Seulement le prochain sera sans doute plus grave. Le jour où il y aura des morts, la question ne se posera plus, ce ne sera plus hélas une fatalité.